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L'Ecole de Jules
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18 septembre 2008

Et Dieu créa le Catalan

PICT0005L'histoire commence par un petit bout de terre entre mer et montagnes, une région d'azur inondée de lumière, caressée par les flots de la mer Patricienne... Les vignes courent à flanc de coteaux, les arbres sont lourds de fruits et il flotte un doux parfum fleuri. Dieu (remarquez que lorsqu'il s'agit de désigner un coupable, son nom n'est jamais loin), Dieu, donc, contemple son œuvre avec une fierté non dissimulée : il vient de créer la Catalogne, une merveille, un véritable paradis terrestre. Puis, soudain pris d'un remord de collégien, Dieu s'interroge : et s'il venait encore de faire une boulette ? Un endroit aussi merveilleux, aussi parfait, n'allait-il pas attirer les convoitises (chez les Corréziens, par exemple) ? Alors, d'une main repentante, Dieu décida de rétablir l'équilibre et il créa... le Catalan.

Bon, il ne faut rien exagérer, le Catalan n'est pas fondamentalement un mauvais homme (pas plus que le Corrézien, en tout cas...) Certaines des caractéristiques attribuées au Catalan ne relèvent que de vilaines rumeurs destinées à accabler un pauvre individu qui n'a vraiment pas besoin de ça... Ainsi, on prétend que le Catalan est avare. C’est lui faire là un bien mauvais procès : le Catalan n'est pas avare, il n'aime pas exhiber sa richesse (nuance !).

Mais revenons à nos Catalans d'origine... Dieu avait donc décidé d'envoyer une poignée d'hommes peupler la Catalogne. Parmi eux, quatre frères : Pigne, Romeu, Cyprien et Val-Qui-Soupire-N’a-Pas-Ce-Qu’il-Désire plus communément appelé Vallespir. Le premier souci de ces primos-arrivants fut de verrouiller leurs frontières : ils n'eurent pas beaucoup de mal, la région étant encadrée au sud et à l'ouest par les montagnes et à l'est par la mer. Il ne leur resta plus qu'à construire un fort sur la frontière nord (le château de Salses), non loin de l'autoroute et de la future ligne TGV afin d'en faire profiter ultérieurement les touristes. Puis l'aîné, le Père Pigne (ainsi surnommé à cause de sa position dans la fratrie) se mit en tête de fonder la première ville catalane. C'est ainsi qu'il s'installa en plein milieu de la plaine et qu'il construisit la ville qui porte désormais son nom : Perpignan. Le second, Romeu, plus sportif et surtout beaucoup moins citadin, piqua deux planches de la maison de son frère, se fabriqua des skis et partit en montagne où il fonda la fameuse station se ski Font-Romeu. Cyprien, lui, d'un tempérament plutôt rêveur, préféra le littoral : il s'offrit un petit casot en bord de mer et mena une vie irréprochable dans une petite bourgade appelée à devenir un lieu de vacances très prisé des électriciens et gaziers : Saint-Cyprien. Et Vallespir, dans tout ça ? Comme tous les petits derniers, il n’eut d’autre choix que celui de récupérer les miettes laissées par ses trois frères et se retrouva ainsi en exil dans un trou perdu, au milieu de nulle part, au bout d'une route sinueuse (un véritable cauchemar pour les estomacs fragiles comme le sien...). Difficile d'imaginer ce qu'on pouvait bien faire dans un désert pareil. Ses frères dirigeaient tous des affaires florissantes et lui... il allait être la risée de la famille, le nul, l'imbécile dépourvu d’imagination, l’incapable. Ces pensées l’accablèrent tant qu’il alla s’asseoir au pied d’un arbre, où il ne tarda pas à remarquer de drôles de petits fruits rouges tombés à terre… Il en goûta un. La chair était juteuse et sucrée… Au milieu du fruit se dissimulait un noyau que Vallespir recracha vigoureusement. Puis il croqua un autre fruit, puis un autre, et encore un autre… Il monta sur l’arbre afin d’en cueillir davantage et il s’amusa à expulser les noyaux encore plus loin, toujours plus loin.

C’est ainsi que naquit la fête de la cerise à Céret, une célébration qui donne lieu chaque année à l’organisation d’une compétition mondiale : celle du cracher de noyaux, dont l’origine remonte au temps où Vallespir, seul et dépité, investissait toute son énergie à cracher le plus loin possible des noyaux de cerises en enviant le succès de ses frères. Vallespir était loin de se douter alors qu’il allait fonder la ville de tous les records : le record du plus long cracher de noyaux bien sûr, mais aussi celui de la librairie la mieux achalandée de Catalogne et celui du collège réunissant la plus grande concentration de dyslexiques du pays… et par la même occasion celui de l’histoire la plus abracadabrante jamais inventée sur un patelin du fin fond du Vallespir !

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